Flash info : /
Pour plus d'informations et de ressources détaillés : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/biodiversite-presentation-et-enjeux
La biodiversité, c’est bien plus qu’une simple liste d’espèces. C’est la diversité des milieux de vie. C'est aussi la diversité des espèces qui y vivent, et qui interagissent entre elles et avec ces milieux. Enfin, c'est la diversité des individus au sein de chaque espèce, car chaque être vivant est unique. Nous faisons partie de la biodiversité et nous en dépendons.
La biodiversité fournit des biens irremplaçables et indispensables à notre quotidien : l’oxygène, la nourriture, les médicaments, de nombreuses matières premières…
Les milieux naturels et les espèces animales et végétales nous rendent aussi de nombreux services : pollinisation, qualité de l’air, régulation climatique, épuration des eaux, protection contre les risques naturels, amélioration du cadre de vie et du bien-être…
La biodiversité contribue également à l’atténuation des effets du changement climatique : protection contre l’érosion du littoral, atténuation de l’intensité des crues et des inondations... C’est aussi une source d’innovation et de progrès technologique.
Environ 1,8 million d’espèces différentes ont été décrites sur notre planète, dont 280 000 dans les mers et les océans. Les spécialistes estiment que 5 à 100 millions d’espèces peuplent notre planète alors qu’ils décrivent, chaque année, de l’ordre de 15 000 espèces nouvelles. Le travail de recensement est donc loin d’être terminé.
Dans le même temps, le rythme actuel de disparition des espèces est 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel d’extinction. Certains scientifiques parlent d’un processus en cours vers une sixième extinction de masse des espèces, la dernière en date étant celle des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Mais la crise actuelle est beaucoup plus rapide et est liée aux activités humaines.
Certaines causes naturelles peuvent expliquer la disparition d’espèces ou d’habitats, mais le rythme d’érosion actuel est largement attribuable aux activités humaines. Au niveau international, cinq causes majeures d’atteinte à la biodiversité sont aujourd’hui identifiées :
La France possède un patrimoine naturel exceptionnel : avec la métropole et les territoires outre-mer, elle est présente sur deux continents et dans tous les océans, sauf l'Arctique. Elle dispose du 2eespace maritime du monde avec plus de 10 millions de km² sous sa juridiction.
Le territoire métropolitain abrite des écosystèmes très variés et la Méditerranée est l’un des 34 points chauds de la biodiversité reconnus dans le monde, des régions très riches en espèces mais également très menacées. L’Hexagone occupe la première place en Europe pour la diversité des amphibiens, des oiseaux et des mammifères.
Outre-mer, la majorité des territoires français (Nouvelle-Calédonie, La Réunion, Mayotte, Guadeloupe, Martinique, Polynésie et Wallis-et-Futuna) sont situés dans quatre points chaud de la biodiversité. Quant à la Guyane, elle est au cœur de l’un des derniers grands massifs forestiers de la planète, l’Amazonie. La France est aussi le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans trois océans : 10 % des récifs coralliens de la planète sont situés dans les eaux sous juridiction française de onze territoires d’outre-mer. Les Terres australes et antarctiques françaises, situées dans l’hémisphère sud, disposent d’écosystèmes terrestres et marins exceptionnels et abritent des espèces animales et végétales adaptées à des climats extrêmes.
Sur l’ensemble du territoire national, environ 66 000 ha de milieux naturels et terrains agricoles ont été artificialisés chaque année entre 2006 et 2015, remplacés par des routes, bâtiments, zones d’activités, parkings... Cela équivaut à un département comme la Loire-Atlantique tous les 10 ans.
La France, qui tient sa diversité en espèces notamment des territoires d’outre-mer, se situe parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées (soit 1147 espèces, dont 278 dans l'Hexagone), selon la Liste rouge 2017 de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Au niveau européen, l’Hexagone est au 5e rang avec 278 espèces mondialement menacées après la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal.
La richesse du patrimoine naturel français et les menaces qui pèsent sur son devenir confèrent à la France une responsabilité particulière en matière de biodiversité.
À la fin du XIXe siècle, des artistes et des gens de lettres favorisèrent l’émergence d’une législation sur la protection des monuments naturels et des sites avec une première loi adoptée en 1906 (modifiée et complétée en 1930), aujourd’hui incluse au code de l’environnement.
Il faut attendre le début des années 1960 pour que l’intérêt écologique de la protection des espèces sauvages et de leurs milieux de vie soit reconnu explicitement dans les textes législatifs, avec la loi sur les parcs nationaux et la création de la première réserve naturelle. La création du ministère de l’environnement en 1971 et le vote de la loi sur la protection de la nature de 1976 permettent à la France de se doter progressivement d’une politique cohérente de sauvegarde de ce qui sera nommé, plus tardivement, la biodiversité.
En 1993, la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages, dite loi paysage, entend protéger et mettre en valeur les paysages, qu'ils soient naturels, urbains, ruraux, banals ou exceptionnels.
Depuis 2004, la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est la concrétisation de l’engagement français au titre de la Convention sur la diversité biologique, la France inscrivant ses actions en faveur de la biodiversité dans le cadre de ses engagements internationaux et européens, ainsi que d’accords régionaux et de programmes multilatéraux.
En 2006, une loi réforme les articles du code de l’environnement relatifs aux parcs nationaux et aux parcs naturels régionaux et donne la possibilité de créer des parcs naturels marins. L’année suivante, la loi Grenelle 1 instaure dans le droit français la création de la trame verte et bleue. Cette politique vise à maintenir la biodiversité dans les territoires, en préservant et en restaurant des réseaux de milieux naturels qui permettent aux espèces de circuler et d’interagir (ces réseaux d’échanges sont appelés continuités écologiques).
En août 2016, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages dote la France de principes renforcés, d’outils nouveaux et de nouvelles mesures pour répondre aux enjeux d’érosion de la biodiversité et de dérèglement climatique. Cette loi crée l’Agence française pour la biodiversité, un établissement public pour accompagner les acteurs de la biodiversité et de l’aménagement du territoire.
La gestion et la protection des milieux naturels, de la flore et de la faune reposent sur un éventail d’aires protégées, ce qui permet d’adapter les réponses à la diversité des enjeux et des problématiques rencontrés sur le terrain : par exemple, les parcs nationaux, les parcs naturels marins, les réserves naturelles, les parcs naturels régionaux ou les sites Natura 2000. Tous statuts confondus, au 1er janvier 2018, les aires protégées françaises couvrent environ 21 % des terres et 22 % des eaux françaises. 16 % des communes de 2 000 à 50 000 habitants et 6 % des communes de plus de 50 000 habitants abritent un espace naturel protégé.
Parallèlement à la création et la gestion des aires protégées, la France s’est dotée d’un outil visant à rétablir les espèces animales et végétales et leurs milieux de vie dans un état de conservation satisfaisant. Il s’agit des plans nationaux d’action en faveur des espèces menacées, qui sont mis en œuvre depuis 1996. Cet outil est mobilisé lorsque les autres politiques publiques environnementales et sectorielles sont jugées insuffisantes pour aboutir aux objectifs de conservation. Un plan national d’actions se construit avec tous les acteurs qui ont les leviers pour agir (services de l’État, collectivités territoriales, acteurs socio-économiques, association et ONG, etc.), en définissant une stratégie de moyen ou long terme (5 à 10 ans). En 2017, plus de 70 plans sont ou ont été mis en œuvre pour préserver plus de 200 espèces terrestres et marines, en métropole et outre-mer (castor d’Europe, balbuzard pêcheur, tortue caouanne, rainette verte, escargot de Corse, papillons Maculinea, plantes messicoles, etc.).
Cet outil est efficace. Par exemple, les actions menées en faveur de la loutre d’Europe (Lutra lutra) ont permis à l’espèce d’amorcer une lente recolonisation, avec des effectifs aujourd’hui estimés entre 1 000 et 2 000 individus. Car la loutre a bien failli disparaître de l’Hexagone ! De 50 000 individus sur l’ensemble du territoire au début du XXe siècle, l’espèce n’était plus présente que dans le Massif central et sur la façade Atlantique à la fin des années 1970. Parallèlement à la pollution des cours d’eau et à l’assèchement des milieux humides dont elle dépend, elle a été pourchassée pour sa fourrure. La présence de la loutre est un indicateur de la richesse piscicole et du bon état de santé d’un milieu aquatique.
La biodiversité et le climat ont une longue histoire commune qui remonte à l’apparition de la vie, il y a 3,5 milliards d’années. Les variations du climat sont responsables de la disparition et de l’apparition d’innombrables espèces et de modifications profondes des paysages.
Le changement climatique actuel, majoritairement imputable aux activités humaines, se déroule sur un laps de temps très court à l’échelle des temps géologiques, dans un contexte où nous exerçons d’autres pressions majeures sur la biodiversité. Il modifie d’ores et déjà les interactions entre les espèces et leurs milieux de vie. Par exemple, on constate le déplacement des espèces plus au nord ou vers des altitudes plus élevées, ce qui modifie les écosystèmes et les paysages. La hausse des températures réduit la rigueur climatique, allonge les périodes de végétation et modifie le comportement de migrateurs. La hausse des températures des eaux modifie la répartition des populations de poissons. L’acidification des eaux, qui est liée à l’absorption du carbone atmosphérique, est dommageable à la construction et à la survie des récifs coralliens, ainsi qu’à l’ensemble des organismes marins à coquille calcaire.
À l’inverse, la biodiversité influence directement le climat au niveau local (humidité, température…). Par exemple, les espaces verts dans les villes permettent de lutter contre les îlots de chaleur urbain. La biodiversité agit aussi sur les grands cycles biogéochimiques (eau, CO2, etc.) dont dépend la régulation du climat mondial. Par exemple, les plantes absorbent du CO2 et produisent de l’oxygène : c’est ainsi que certaines régions du monde très riches en biodiversité, comme l’Amazonie ou certaines zones des océans, jouent un rôle fondamental dans la régulation du climat. La biodiversité contribue également à l’atténuation des effets du changement climatique : protection contre l’érosion du littoral, atténuation de l’intensité des crues et des inondations, etc.